(De gauche à droite) veuve noire et Ken 
Révélé au public son tout premier album «Un jour on vit», le groupe Baloukou est né de la volonté de six jeunes garçons résidant le quartier populaire de Ouagadougou qu’est Koulouba dont l’anagramme donne le nom. Malheureusement, le leader du groupe qu’on nommait Rodman n’a pu voir la concrétisation de ce rêve qu’il nourrissait avec ses « cops », fauché qu’il sera par une mort accidentelle. En guise de reconnaissance, l’album, dont la sortie officielle, le 10 janvier 2004, fut un moment d’intenses émotions. Comme ils l’ont dit dans ce premier album, ils se reverront la haut là-bas, mais avant le combat continue ici bas et entre 2004-2007, que le groupe composé de Veuve Noire (ILBOUDO Visshal), Kenzo (G. Gabriel) et Chimère avec la participation de Tilbert un jeune ami blanc s’est échiné à produire le deuxième album. C’est chose faite et l’album, intitulé «Où va le monde», promet sa sortie officielle courant septembre 2007. Nous avons rencontré Ken 20 et Veuve Noire au nom du groupe pour échanger sur ce nouvel opus et surtout sur l’ambiance qui règne dans le groupe et leur avenir.
Lisez plutôt.
Qu’est-ce que c’est, Baloukou ?
Baloukou : C’est l’équivalent de Koulouba qui est le quartier où nous gîtons. C’est l’idée de Rodman. C’est un groupe de jeunes qui font de la musique notamment le Rap. Officiellement le groupe s’est créé en 1999 avec au début 6 membres. Vous savez en 1999, c’était la vague du mouvement hip-hop. Après avoir remporté le concours « hip-hop all stars » qui nous a lancés, nous nous sommes battus pour réaliser un album. Ce qui fut une réalité le 10 janvier 2004. C’est cet album que nous avons baptisé «Un jour on vit» en l’hommage à notre ami et compagnon qui nous a quittés quelques mois avant la réalisation de ce rêve.
Qui était Rodman à qui vous avez dédié le 1er album «Un jour on vit» ?
B : C’était un membre actif du groupe, un frère, un ami malheureusement qui nous a quittés quelques mois avant la sortie de l’album. Il était plus connu dans le show-biz. Au début on s’appelait les «Papes du Rap». Rodman a trouvé que ce n’était pas original. C’est pourquoi il a proposé de renverser le nom du quartier Koulouba. Ce qui a donné Baloukou.
Quelle a été sa part de contribution dans le 1er album et pourquoi l’idée de lui dédier cet album ?
B : Baloukou, c’était presque lui. On ne s’attendait pas à faire sortir l’album sans lui. Il a participé avec tous les autres membres du groupe à la proposition de cet opus. Vous savez, Baloukou est comme un seul homme. Nous pouvons dire que Rodman a fait connaître Baloukou par sa personnalité.
Quelles leçons tirez-vous de l’expérience passée ?
B : Le premier album comportait 16 titres. Il y a des titres qui sont passés inaperçus faute de moyens pour la promotion. Le public ne connaissait que deux titres pratiquement. Pour l’album à venir nous allons corriger cette lacune en commençant à proposer 8 titres qui seront tous montés en clip vidéo. Nous le regrettons, c’est la promotion qui a été notre principal handicap.
Bientôt la sortie de votre 2e album. Quels sont les thèmes que vous abordez cette fois-ci ?
B : Cet album est baptisé «Où va le monde» et verra officiellement le jour en ce mois de septembre. «Où va le monde», est un constat de la misère autour de nous et de part le monde. Au Burkina Faso, nous voyons comment les jeunes se cherchent. C’est la même chose un peu partout. L’album qui comporte 8 titres parle de l’émigration, de l’Afrique, d’amour, de chômage. Nous essayons de caricaturer la vie de chaque jour. Ce titre éponyme «Où va le monde» relate la situation de la planète qui vit de plus en plus le chaos avec les foyers de tension un peu partout, le nucléaire, les armes. Nous pensons que le monde avance doucement vers le chaos. On est dans l’empire de l’argent. Les gens croient plutôt à l’argent qu’à Dieu.
Pour cet album comment comptez-vous vous y prendre pour la promotion ?
B : La stratégie c’est de faire des clips vidéo pour accompagner les sons. Actuellement les sons sont déjà joués dans les radios. Nous avons remarqué que les Ouagalais ne consomment pas les cassettes mais ils écoutent. C’est plutôt les provinciaux qui en consomment.
Nous allons maximiser la promotion dans les provinces d’autant plus que nous chantons en langue nationale. Il y a un clip qui passe déjà. Nous allons d’ici mi-septembre présenter l’album à la presse.
Etes-vous appuyés dans votre carrière ?
B : Oui, il y a le chef de Koulouba. Il y a Maha KOUYATE et les grands frères du quartier.
Comment « votre blanc » a-t-il intégré le groupe ?
B : Il s’appelle Tilbert, c’était un ami de Rodman qui nous l’a présenté et comme il était intéressé par ce qu’on faisait les choses sont vite parties. Tout comme le premier album, il a sa voix dans le second. Actuellement, il est en France et compte revenir si tout va bien.
Certains disent qu’il est la cheville financière du groupe, est-ce vrai ?
B : Vous savez dans la mentalité du Noir, c’est le Blanc qui a toujours l’argent. Tilbert, il part en France, il travaille tout l’été à la plage et il revient au Burkina. Ce n’est pas un gars qui est plein aux as. Nous sommes un groupe, il ne contribue pas plus que les autres membres. Tout le monde se bat. Nous pourrons plutôt dire qu’il a apporté la diversité culturelle au sein du groupe. Un jeune Blanc parmi les Africains, ça fait plaisir et ça brise des mythes.
Les perspectives ?
B : Nous voulons que l’avenir soit plus clément. Le hip-hop vous savez est marginalisé et nous cherchons quand même notre chemin. Ce style musical traîne avec lui l’effet péjoratif. La musique à la vogue c’est le hip-hop. Yeleen et Smokey ont remporté des Kundé d’or. Nous, nous voulons être aussi les combattants de la liberté et apporter notre touche à l’univers musical du pays. Nous voulons qu’on investisse dans la musique parce qu’il y a trop de réticence. Le problème, on ne soutient pas les artistes, ils sont laissés à eux-mêmes. Pour les perspectives nous voyons l’avenir dans un sens positif. Au BBDA, le Rap est à coefficient 1.
Si on dit à Baloukou de définir le hip-hop?
B : C’est l’art de dire tout haut ce que les gens pensent tout bas. Le hip-hop c’est une manière d’extérioriser sa douleur. Cette forme d’expression peut se manifester par les mots, le corps, les graffitis, etc. Vous savez, ceux qui jugent les rappeurs perdent eux-mêmes leur valeur. Le hip-hop a une racine nègre donc on ne fait que perpétuer la mémoire de nos ancêtres.